Deux questions importantes au moins devront être examinées successivement dans ce chapitre :
On a souvent le sentiment que la langue "découpe" l'expérience et la réalité selon des catégories bien distinctes. On connaît bien sûr les exemples souvent cités : le lexique qui effectue des annalyses différentes selon les cultures (cf. l'exemple devenu classique du "boeuf" français réanalysé en "beef" et "ox" en anglais selon qu'il est "dans l'assiette" ou "sur pattes"), les très nombreux termes pour désigner la neige dans les langues des Esquimaux (mais penser au lexique des skieurs et des gens qui vivent en haute montagne, bien plus riche sur ce plan que le lexique de base du citadin) ou bien sûr à l'analyse des couleurs, ou encore aux termes de parenté, très variables selon les langues, elles-mêmes marquées par les cultures où elles prennent naissance et où elles se développent.
Les études d'anthropologie et d'anthropologie linguistique nous aident à découvrir les différences d'organisation et donc de "nomination" des relations à l'intérieur de la famille, et de ce fait des formes nombreuses qu'elles prennent : il y a divers types de familles, où les rôles des divers membres, et notament des parents, peuvent être très variés : à visiter par exemple.... Les relations sont intéressantes à étudier bien au-delà d'ailleurs des seuls "parents" immédiats : cf rôle des oncles, des tantes, des grands-parents, dans la transmission des traditions, du nom, de l'héritage, dans l'organisation des mariages, etc.
Quant aux "couleurs", il s'agit d'un autre exemple significatif, qui montre combien nous sommes amenés à voir ce que notre langue nous permet de nommer, de découper, de structurer. Les cultures, les techniques, les modes de vie des sociétés jouent un rôle essentiel dans l'élaboration des concepts et du lexique qui va avec.