Cours de sociolinguistique

Les rites

Définition proposée par Jean Cazeneuve :

"Le mot "rite" peut avoir des sens différents selon les contextes dans lesquels il est utilisé. Pour les biologistes, par exemple, la ritualisation est la formalisation d’un comportement à motivation émotionnelle ; ils la rattachent au processus de l’évolution et plus particulièrement à l’adaptation aux fonctions de communication. Ainsi, le rite pourrait s’observer chez les animaux. Dans le langage courant, ce terme désigne toute espèce de comportement stéréotypé qui ne semble pas être imposé par quelque nécessité ou par la réalisation d’une finalité selon des moyens rationnels. Une institution désuète, un cérémonial périmé sont des rites. Les manies sont souvent rangées dans la même catégorie. De là on passe aisément à l’interprétation de la psychopathologie et de la psychiatrie, qui parlent de rites névrotiques. Mais, en réalité, tous ces emplois de la notion se réfèrent plus ou moins à celui qui désigne un comportement social, collectif, dans lequel apparaît plus nettement à la fois le caractère répétitif du rite et, surtout, ce qui le distingue des conduites rationnellement adaptées à un but utilitaire. Le rite se présente alors comme une action conforme à un usage collectif et dont l’efficacité est, au moins en partie, d’ordre extra-empirique. Il se révèle donc, avec toute sa spécificité, dans les coutumes stéréotypées qui ne se justifient pas entièrement par une détermination limitée au monde naturel et qui font intervenir des rapports entre l’homme et le surnaturel. Rites magiques et rites religieux en sont ainsi les exemples les plus éclairants." (Jean Cazeneuve, art. "Rites" in Encyclopedia Universalis).

Martine Segalen (2005 : Rites et rituels contemporains) tente aussi une définition qu’elle commente :

"Le rite ou rituel est un ensemble d’actes formalisés, expressifs, porteurs d’une dimension symbolique. Le rite est caractérisé par une configuration spatio-temporelle spécifique, par le recours à une série d’objets, par des systèmes de comportements et de langages spécifiques, par des signes emblématiques dont le sens codé constitue l’un des biens communs d’un groupe.

Ceci est une définition qui :

En tant qu’ensembles fortement institutionnalisés ou effervescents – qu’ils régissent des situations de commune adhésion à des valeurs ou aient lieu comme régulateurs de conflits interpersonnels -, les rites sont toujours à considérer comme un ensemble de conduites individuelles ou collectives relativement codifiées, ayant un support corporel (verbal, gestuel, de posture), à caractère répétitif, à forte charge symbolique pour les acteurs et les témoins. Ces conduites sont fondées sur une adhésion mentale, dont l’acteur n’a éventuellement pas conscience, à des valeurs relatives à des choix sociaux jugés importants et dont l’efficacité attendue ne relève pas d’une logique purement empirique qui s’épuiserait dans l’instrumentalité technique du lien cause-effet. Finalement, le rituel se reconnaît à ce qu’il est le fruit d’un apprentissage, il implique donc la continuité des générations, des groupes d’âge ou des groupes sociaux au sein desquels ceux-ci se produisent." (pp. 20-21)

Martine Segalen (2006), souligne la plasticité du rite :
"... les divers auteurs qui se sont emparés du sujet ont donné leur définition du rite en le tirant vers leur champ de recherche de prédilection." (p. 5)

C'est ainsi que le rite a pu être associé à la magie, au religieux, mais aussi plus récemment à divers terrains profanes : cf. rites de la table, rites des salutations, rites du savoir-vivre... mais aussi rituels sportifs (notamment le foot-ball).

Si les rites changent avec le temps et avec les sociétés, la rituatlisation semble un comportement humain fondamental, indispensable à l'existence de toute société. Les rites aident à forger l'identité d'un groupe, d'une communauté.

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