bèf < boeuf (la voyelle d'avant labialisée du français [œ] passe à la voyelle d'avant non labialisée correspondante : [ɛ]
konpè < compère (le "r" final qui s'entend en français contemporain s'était amuï au XVIe siècle, et n'a sans doute jamais existé en français des Petites Antilles)
toujou < toujours (le "r" final qui s'entend en français contemporain s'était amuï au XVIe siècle, et n'a sans doute jamais existé en français des Petites Antilles)
alò < alors (le "r" final, qui s'entend en français contemporain, s'était amuï au XVIe siècle, et n'a sans doute jamais existé en français des Petites Antilles)
enmé < aimer (toute voyelle précédant une consonne nasale est nasalisée en créole : nasalisation régressive - comme c'était le cas en français au XVIe siècle : il reste des attestations de ce phénomène dans certaines campagnes françaises ; en martiniquais, il existe aussi une nasalisation progressive : on entend souvent "enmen")
jou < jour (le "r" final s'est là encore amuï)
pwan < prendre (le "r" en contexte vélaire et labial se vélarise, c'est-à-dire qu'il devient un [w] ; cette forme vient-elle de la forme conjuguée "il prend" qui a été retenue comme forme unique du verbe ? ou d'un "pwann" (-d passant couramment à -n dans cette position, cf. tann) où le -n final aurait disparu ? Ce verbe reçoit bien sûr les particules préverbales du créole : i ké pwan biten-la-sa... Notez qu'il existe aussi une forme "pwi" ou "pri", qui manifeste le passif par opposition à l'actif "pwan"
pou < pour (même cas que "jou", ci-dessus)
fè < fer (amuïssement du "r" en finale de syllabe)
razwa < rasoir [razwar] (amuïssement du "r" en finale de syllabe)
menm < même (nasalisation de la voyelle avant consonne nasale)
biten < butin (délabialisation de la voyelle antérieure labialisée qui passe à la voyelle délabialisée de même degré d'aperture)
pati < partir (à la fin de toute syllabe, le "r", faible, en français du XVIIe siècle, a toujours disparu en créole des Antilles ; pour le "r" en final de mot, voir ci-dessus, en ajoutant que le "r" des verbes du 2e groupe n'était déjà pas prononcé au XVIe et au XVIIe siècles en France : "Compère Guilleri / Te lerras-tu mouri ?")
vwè : à mettre en relation avec "voir" (en fait ce verbe était encore prononcé [voé] ou [vwɛ] en français du XVIIe siècle, ce n'est qu'à la fin du XVIIe siècle, voire au XVIIIe siècle, et même plus tard dans certaines provinces, que la prononciation [vwar] a été acquise en France
fouwé < fourrer : en contexte vélaire (ici [u]), "r" se vélarise.
RETOURMan ja mennen madanm-mwen an vakans
Madanm-mwen pa lé abite lòjman-ta-la
Timanmay-mwen pétèt ké ni tò
Moun anvi antré bò-kay
Man ni an gran lòjman
Ou ka lésé-y épi sé timanmay-la
1°)
Phrase française | guadeloupéen | martiniquais |
---|---|---|
Cet enfant (ti-moun, ich) | ||
la table (tab) | ||
l'oiseau (zozyo) | ||
un livre (liv) | ||
une maison (kaz, kay) | ||
ma maison | ||
son enfant | ||
vos livres | ||
des livres | ||
les maisons |
2°) Traduction française
Pierre est venu chez moi.Les déterminants ici sont en rouge ; les pronoms personnels en bleu.
- Etienne ! O Etienne !
- Eti 'aman ?
-Vini-ou ! Vine fè on komisyon pou moin
a ka man Féfé !
- Oui, maman !
- Gadé, dèyè pot kuizine-la : ou ké trouvé on vyé boutèy.
Ou ké pran-li ; ou ké ay
a ka man Féfé ; ou ké di : "Bonjou, man Féfé. Maman fè di-'ou voyé
on ka boutèy luil pou-'i, syouplé".
Lè man Féfé ké pran boutèy-la, lè i ké mété
luil-la, ou ké di-'i : "Ah, Ah, man Féfé,
èskizé-moin, syouplé : sé pa luil, non, maman té vlé ! sété divin !"
Man Féfé ké pran boutèy a luil-la, i ké mété
divin adan-'i... Ou ké di : "Ayayay, man Féfé !
Tanpri syouplé : èskizé-moin ankô : sété pa divin maman té vlé, non !
sété gaz !" Man Féfé ké pran boutèy-la an min a-'ou...
é i ké komansé juré-'ou. Si ou
vouè man Féfé juré-'ou trop, ou ka vine
trouvé-moin. An moman-la-sa, an
ké di-'ou : " Aaah, ébin, an trouvé sa ki
fo-moin ! ". E an ké vansé koté man
Féfé.
Malèrèzman pou-li, té ni vouazine-la,
toupré a koté. Vouazine-la ka di : "Ah, man Emile, ka
ou ka di timoune-la kon sa, non ? Ou
ka voyé-'i a ka man Féfé fè dézod !"
- Aah, Etienne, vini, vini, rouvini ! Sé pa lapène ou ay a ka man Féfé
ankô : an trouvé sa ki fo-moin : an
trouvé on babyé a domisil !
- Etienne ! O Etienne !
- Quoi, maman ?
- Viens vite ! Viens faire une commission pour moi chez madame Féfé !
- Oui, maman !
- Va voir derrière la porte de la cuisine : tu vas trouver une vieille bouteille. Tu vas la
prendre ; tu vas aller chez madame Féfé et tu vas lui dire : "Bonjour, madame Féfé. Maman vous
fait demander un quart d'huile, s'il vous plaît". Quand madame Féfé va prendre la bouteille,
quand elle va mettre l'huile, tu vas lui dire : "Ah, ah, madame Féfé, excusez-moi, s'il vous
plaît : c'est pas de l'huile, non que maman voulait ! c'était du vin !" Madame Féfé va prendre
la bouteille d'huile, elle va mettre du vin dedans. Tu vas dire alors : "Aïe, Aïe, Aïe, madame
Féfé ! S'il vous plaît : excusez-moi encore : c'était pas du vin que maman voulait, non !
c'était du pétrole ! "Madame Féfé va te prendre la bouteille des mains... et elle va commencer
à t'injurier. Si tu trouves qu'elle t'injurie trop, viens me le dire. A ce moment-là, je vais te
dire : "Aah, eh bien, j'ai ce que je voulais". Et je vais partir chez madame Féfé.
Malheureusement pour elle, il y avait la voisine juste à côté. La voisine dit : "Ah madame
Emile, qu'est-ce que vous dites à cet enfant comme ça ! Vous l'envoyez chez madame Féfé pour
faire des histoires !".
- Aah, Etienne, viens, viens, reviens ! C'est pas la peine d'aller chez madame Féfé : j'ai ce
qu'il me faut : j'ai ma dispute à domicile !