Realia antillaises

On trouvera ici quelques indications indispensables à la découverte de réalités locales : domaine de la flore, de la faune, lexique particulier commun au créole et au français régional.

Les notions sont classées ici par ordre alphabétique.


acras
Les acras (très particulièrement les acras de morue) sont une variété de beignets servie classiquement aux Antilles avec le punch pour l'apéritif : le boudin créole est généralement aussi de la partie !
agoman
L'agoman (Solanum americanum) est une plante qui porte de petites graines noires ; on l'utilise contre les vers et pour soigner les yeux.
agouti
L'agouti est un mammifère rongeur vivant dans les forêts des régions humides situées entre le sud du Mexique, le Paraguay et le Brésil, ainsi qu'aux Antilles. Ressemble un peu au cochon d'Inde.
béké

Quelques indications sur le mot béké qui désigne en Martinique ce que l'on appelle en Guadeloupe un "blanc créole" : un Antillais en principe non issu de métissage, descendant direct des premiers colons blancs, et qui appartient à la classe dirigeante du point de vue économique.
NB qu'il existe des "petits blancs", c'est à dire des populations vivant dans une endogamie stricte, mais qui connaissent également de nombreuses dégénérescences, et qui, elles, relèvent de classes pauvres, voire très pauvres (cf. les Blancs Matignons, par exemple).

Après bien des hypothèses fantaisistes concernant ce mot, il semble que l'on ait maintenant des idées un peu plus claires sur le terme "béké". D'après le Dictionnaire étymologique (en cours d'élaboration) à l'Université de Bamberg sous la direction d'Annegret Bollée, il semblerait que l'origine de "béké" soit une origine igbo. Dans cette langue, d'après Josephau 1977, le mot désignerait un Blanc ou un Européen.

Ceci a certes beaucoup plus de vraisemblance que les "dérèglements de l'imagination et de la plume" que dénonce Josephau, et les étymologies fantaisistes nombreuses.
Ainsi, Faine déclare que, dans un dictionnaire espagnol (dont il ne donne pas la référence) il a trouvé un mot "beque" qui "désigne les quartiers des matelots à la proue du navire...", p. 288 Dictionnaire français-créole.
Elodie Jourdain, quant à elle, écrit : "On explique ainsi à la Martinique l'origine de ce mot : eh bé qué ? (eh bien quoi ?) question revenant fréquemment sur les lèvres des premiers colons" (tome II, p. 171, note 1).

canari

Sous le terme de "canari", on désigne aux Antilles et en Afrique, une marmite importante, dans laquelle cuit le repas familial. La "traduction" donnée par Chamoiseau dans Chemin d'Ecole par casserole, vise à montrer, de façon ironique (en raison de la dimension supposée par le terme français, et donc du décalage important des réalités), les discordances entre français et créole, et l'impropriété entraînée par le recours au français que veut imposer le maître d'école. On citera encore le proverbe : "Vyé kanari ka fè bon soup" = "Les vieilles marmites font les bonnes soupes".

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chabin

On appelle "chabin" ("chaben", selon le système graphique adopté) un individu de sexe masculin (le féminin est "chabine") à la peau claire, aux traits négroïdes, et aux cheveux blonds ou roux crépus. On notera que souvent le "chabin" est qualifié de "mauvais chabin" - ce qui laisse entendre qu'on lui attribue un mauvais caractère, une propension à l'agressivité, etc., tandis que l'on dit "une 'tite chabine", ce qui en revanche montre que l'on apprécie le charme particulier des chabines. On attribue d'ailleurs toujours un certain nombre de pouvoirs plus ou moins maléfiques aux chabins, mâles ou femelles : ainsi, on dit d'une chabine que "i ka mòdé zorey", signifiant par là qu'elle ensorcelle celui qui l'aime, mais qu'il risque d'arriver des malheurs à celui-ci !
Pour aller plus loin

chique ou "chik" (en créole)

Puce des régions tropicales dont la femelle, pénétrant sous la peau où elle pond ses oeufs est à l'origine de plaies et d'infections.

corossol
Fruit de la famille des annones (Annona muricata). Le corossolier est un petit arbre, poussant sur le littoral, qui donne un fruit très gros, irrégulièrement cordiforme. Sa pulpe blanche est comestible, bien qu'un peu cotonneuse, mais donne un jus extrêmement savoureux. Le fruit contient de nombreuses graines noires ou brun foncé, aplaties.
foufou
Nom local du colibri ou "oiseau-mouche" : tout petit oiseau des climats tropicaux, à plumage éclatant et à long bec, qui peut voler sur place par vigration des ailes.
icaque
(Chrysobalanus icaco) : Arbuste rustique qui se développe près du littoral, aux pieds des montaggnes. Il porte des baies rouges, blanches ou noires, dont la pulpe est appréciée des enfants, mais qui est un peu fade. Voir zikak.
krok-chyen

Le croc-de chien est une plante (Celtis ignanaca), et un arbre dont les épines sont en forme de crocs de chien et dont les racines sont considérées comme un remède efficace contre les maux de dents.

kako, kako-dou
Le cacaoyer (pyé-kako) qui pousse aux Antilles, donne un fruit dont la graine très prisée, a joué un grand rôle dans l'économie coloniale. Le cacao intervient dans plusieurs préparations traditionnelles. On désigne le chocolat en tablette sous le nom de "kako-dou". On trouvera la recette traditionnelle du bol de chocolat du matin de première communion aux Antilles. Et un beau site vénézuélien, donc en espagnol, qui indique les étapes de préparation du cacao.
mombin

Le mombin désigne un arbre (pyé-monbin en créole) et le fruit de cet arbre. Il s'agit d'un fruit extrêmement parfumé, comportant un très gros noyau et très peu de chair autour. Ce fruit que l'on peut sucer (ce que fait certainement Lapin dans le conte de Rutil), est surtout utilisé pour préparer en Guadeloupe un punch très parfumé : le punch aux mombins. Le noyau étant très dur, on peut comprendre les douleurs de Zamba qui reçoit les noyaux de Lapin sur ses fesses en feu. Pour voir une branche de mombin, cliquez ici.

piments
Il existe de nombreuses variétés de piments aux Antilles : on citera les "Bonda Man Jak" (dont la forme évoque aisément les fesses d'une femme bien pourvue), les "Sept courts-bouillons", supposés, tant ils sont forts, pouvoir pimenter successivement sept courts-bouillons familiaux sans perdre leur pouvoir !
pomme cannelle
Fruit, semble-t-il, importé de l'Inde ("attier"), répondant au nom savant d'"annona squamosa", très apprécié aux Antilles. Contient de nombreuses graines dans une chair blanche très savoureuse. De la même famille que le corossol
riz et pois rouges
Plat traditionnel qui se mange en particulier avec de la viande cochon salé. On appelle "pois" aux Antilles ce qu'en métropole on appelle "haricots secs". On pourra trouver sur le web une recette de "diri é pwa, épi vyand salé"
roukou / woukou
Arbuste qui a pour nom savant Bixa orellana. Ce sont ses graines que les Amérindiens utilisaient pour se colorer le corps (cf. l'appellation de "peaux-rouges" donnée par les Européens). Le roucou sert maintenant aux Antilles pour colorer certains aliments (que l'absence d'huile de palme, utilisée en Afrique dans la cuisine) rendait sans doute trop pâles et peu appêtisants aux yeux des esclaves arrivés d'Afrique. Ainsi pour préparer le court-bouillon de poisson, on utilise du "bè wouj" (beurre rouge), c'est-à-dire un condiment fait de saindoux coloré par du roucou.
sapotille
La sapotille (Achras sapota), fruit d'un beau marron assez clair, provient d'un arbre très branchu, à branches inférieures horizontales : arbre cultivé et subspontané. Le fruit sert de comparaison pour dépeindre un joli teint de femme, très apprécié aux Antilles : "on ti po sapotiy".
sec

Pour désigner un rhum sec, on dit en créole "on sèk", mais aussi "on bèt". Poullet et Telchid traduisent "pran on bèt" par "boire un coup", mais il s'agit spécifiquement de boire un punch.

veillées

Dans la société traditionnelle, pendant que la grand-mère, la mère ou la bonne se livraient à des activités ménagères (moudre le café, tricoter, etc.), elles racontaient souvent des contes aux enfants de la maison ; un autre lieu favorable à la profération des contes étaient celui des veillées mortuaires.