Marie-Christine Hazaël-Massieux



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Le créole de Guadeloupe.
Situation et description

(une version remaniée de ce texte sera publié dans les Actes du 26e Colloque de la Société Internationale de Linguistique Fonctionnelle, à paraître)

L'usage régulier d'un terme unique chez tous ceux qui "parlent créole" entraîne souvent une confusion importante : l'idée un peu vague d'une langue commune dispersée dans le monde, qui unirait des "créolophones" fort éloignés géographiquement.

De fait, par le terme de "créoles" sont désignées un ensemble de langues nées au cours des XVIIe et XVIIIe siècles de la colonisation française(1), à partir de formes régionales et populaires du français, utilisées dans le contexte des contacts de populations au cours de l'esclavage, avec l'influence plus ou moins immédiate des langues des locuteurs (langues africaines diverses, malgache, voire créole déjà constitué), selon les lieux, dans le cadre d'un usage strictement oral du medium de communication.

Ces créoles français présentent des différences nombreuses ; les écarts entre les langues, qui ne permettent guère l'intercompréhension entre unilingues de créoles différents(2), sont effectivement plus ou moins importants, parfois considérables (on pense notamment aux différences entre créoles de la zone américano-caraïbe et créoles de l'Océan Indien) : la description comparée des systèmes - qui n'est pas notre propos ici - permet aisément de le comprendre(3).

On a des créoles français dans les pays ou départements suivants :

Les créoles des Petites Antilles présentent de grandes similitudes entre eux, mais se différencient par bien des traits de l'haïtien ou du réunionnais, pour ne prendre que deux exemples.

L'histoire des créoles commence à être bien connue grâce à l'existence de textes anciens qui permettent au linguiste de reconstituer, en s'entourant de toutes les précautions nécessaires, les étapes de développement de ces langues. Les premiers textes - très courts - datent de la fin du XVIIe siècle, mais on dispose de textes beaucoup plus longs à partir de 1750-1780, textes dont l'analyse devient véritablement significative(4).

Le créole de Guadeloupe peut être présenté en lui-même (sans comparaison avec d'autres créoles et en limitant les références au français qui faussent souvent l'image que l'on se fait de ce créole). Il convient surtout de souligner que si les données historiques (maintenant tout à fait sûres) aussi bien que le sentiment des locuteurs, soulignent l'origine pour la plus grande part "française" du créole de Guadeloupe, cela ne veut pas dire que "le créole c'est du français" : un locuteur qui n'a pas appris le créole (soit de façon "informelle" dans sa famille au cours des années d'enfance, soit de façon "formelle", en suivant des cours de créole tels qu'il s'en donne dans diverses universités du monde) ne le comprend pas et ne peut pas le parler. Toutes les langues viennent d'une autre langue qui a constitué ce que l'on appelle le "fonds" de cette langue ; ce fonds a évolué au cours de l'histoire, au point que la recherche étymologique est affaire de spécialistes et que le locuteur de base ne peut souvent pas savoir de quel mot de la langue-mère vient tel mot de la langue-fille(5). Par ailleurs toutes les langues également empruntent à d'autres langues, en fonction des contacts qu'elle entretiennent avec ces autres langues (6) : les mots empruntés entrent dans la langue et se modifient à leur tour pour se conformer aux tendances de la langue emprunteuse. L'ensemble des mots d'une langue et l'ensemble de ses structures s'organisent et se réorganisent constamment au cours de l'histoire, s'influençant et se restructurant selon le principe d'un "système" ou tout se tient. Ce qui fait que trois ou quatre siècles après sa "naissance"(7), une langue-fille est suffisamment différente de sa "mère" mais aussi des autres "filles" auxquelles la langue d'origine a donné naissance, pour que les locuteurs des langues diverses ne se comprennent pas aisément(8).

Le créole de Guadeloupe est caractérisé par un système phonologique de 7 voyelles orales et de 3 voyelles nasales, dont la prononciation peut varier dans certaines zones. On note généralement(9) ces voyelles ainsi :

Les consonnes sont au nombre de dix-neuf. Dans leurs cas aussi les prononciations peuvent également varier. Ainsi, le "t" et le "d" en contexte palatal sont "palatalisées" en Guadeloupe : on songera à la prononciation de "di" (dire) (= presque "dzi"), mot dans lequel les caractéristiques phonétiques du "d" sont bien différentes du "d" de "dousiné" (cajoler, faire la cour).

Dans certains contextes (vélaire ou labial) le "r" tend à être prononcé "w", voire à se confondre complètement avec lui (cf. wou, fwè…). La question de sa notation comme "r" ou comme "w" est donc posée.

La grammaire du créole mériterait à elle seule un travail complet et il est très délicat de résumer les traits principaux du créole de Guadeloupe en quelques lignes. On signalera les tendances agglutinantes de cette langue qui font que l'ajout d'une information grammaticale se fait souvent par l'ajout d'un morphème spécifique. Ainsi en ce qui concerne le groupe nominal (qui peut être sujet ou complément), on pourra expliquer sa construction de la façon suivante :

C'est précisément ce que l'on appelle une structure agglutinante, où l'on ajoute progressivement des morphèmes jusqu'à obtention complète du sens visé.

Pour le groupe verbal, la construction est aussi agglutinante. Ainsi on aura :
Moin té ké pé manjé-li (souvent prononcé "moin té'é pé manjé-y") à analyser :
Pronom de 1ère personne + marque de passé + marque de futur (la combinaison marque de passé + marque de futur produit un sens hypothétique, comme le conditionnel français) + pouvoir + manger + pronom de 3e personne = j'aurais pu le manger.

Mais "moin té manjé-li" a du sens : il signifie : je l'avais mangé ; "moin ké manjé-li" : je le mangerai ; "moin ké pé manjé-li" : je pourrai le manger, etc.

L'ordre des mots est bien sûr essentiel dans une langue de type isolant comme le créole (c'est-à-dire pour laquelle les catégories et les fonctions grammaticales sont indiquées par la place du mot :

Comparer également : "moin ké pé manjé-li" = je pourrai le manger, à "moin pé ké manjé-li" = je ne le mangerai pas ("pé" ici = "pa", morphème de négation, toujours placé avant les particules préverbales, et phoniquement modifié du fait du contexte et d'un phénomène d'harmonie vocalique fréquent en créole : pa + ké = "pé ké", voire "pé'é").

Un mot comme "manti" est susceptible d'être un nom ("manti-a-li, manti-a-'i" = son mensonge) ou un verbe ("i ka manti" = il ment, il est en train de mentir). C'est le cas de la plupart des mots créoles, qui occupent des fonctions nominales, adjectivales, verbales, etc. selon leur position :

  • I ka maché dèyè moin = derrière est "préposition" : il marche derrière moi
  • I toujou dèyè = il est toujours derrière, à la traîne (adverbe)
  • Dèyè-a-li = son derrière, son dos (on a cette fois-ci un nom)
  • Moun dèyè = "dèyè" est adjectif : quelqu'un qui traîne, qui suit…
  • Ainsi en créole la syntaxe est complexe, tandis que la morphologie est beaucoup plus réduite. La morphologie flexionnelle du français (qui caractérise encore le verbe français : je mange, je mangeais, je mangerai ; je viens, que je vienne…) a totalement disparu pour le verbe créole dont nous avons vu qu'il "se conjugue" au moyens de particules préverbales (morphèmes placés avant la base verbale). Les traces de morphologie qui demeurent dans le nom sont extrêmement limitées : on trouve quelques marques flexionnelles pour marquer quelques oppositions de sexe (ainsi dans des noms de populations : ayisyen / ayisyèn, fransè / fransèz) ou pour désigner des "types" humains : chabin / chabine, milat / milatrès… Dans presque tous les autres cas, l'opposition de sexe est marquée par l'ajout d'un morphème : on mal-krab, on fimèl-chat ("chat" en créole désignant aussi bien a priori un chat qu'une chatte). Les pronoms personnels eux-mêmes, ainsi d'ailleurs que les déterminants divers, ne sont pas marqués en genre : (l)i désigne aussi bien un homme qu'une femme : cf. i ka vini (il/elle vient : l'interprétation correcte se faisant en contexte) ; liv-a-y, tèt-a-y (son livre, sa tête) : le possessif est invariable et ne s'accorde ni avec l'objet possédé (comme en français), ni avec le possesseur (comme en anglais : his/her head).

    Il y aurait encore bien d'autres points à décrire pour le créole de Guadeloupe, qui est une langue complète, permettant bien sûr, comme toutes les langues de tout exprimer, mais selon des procédés spécifiques, qui sont différents (nous avons commencé à l'entrevoir dans cette courte présentation) des procédés utilisés en français, en anglais, ou dans d'autres langues (créoles ou non). On se contentera ici de faire encore quelques remarques en ce qui concerne le lexique.

    Celui-ci qui est à 90 % constitué de mots d'origine française (français "central" ou français dialectal) n'est pas pour autant du français, les mots entrés le plus anciennement dans la langue s'étant souvent profondément transformés : qui pourrait spontanément dire que "kinbé" (tenir) est en fait issu du français (formes dialectales "tiens bien, tiens bè, kin bé") et que le pronom de 2e personne du pluriel dans "zòt ké vini" (vous viendrez) provient d'une forme pronominale renforcée bien française à l'origine, dont la première partie est progressivement "tombée" (vous-autres > v'zaut > zòt) ? En disant que le lexique du créole provient en grande partie du français, nous ne disons pas que le créole est du français, pas plus qu'en disant que le lexique du français provient en partie du latin nous ne disons que le français est du latin !

    Les 10 % de lexique qui restent proviennent de langues africaines ou pour une toute petite part des langues amérindiennes, mais nous sommes souvent bien en difficulté pour retrouver l'étymologie exacte en l'absence totale de document écrits en langues africaines au moment où les esclaves sont arrivés aux Antilles : ce n'est que par analyse de formes actuelles dans les langues supposées des esclaves, et par comparaison de diverses langues, que l'on peut parfois établir ou reconstituer avec une quasi-certitude la source africaine exacte. Ces mots désignent presque toujours des "realia", c'est-à-dire des réalités locales : flore, faune, aliments, habitat, etc. Ceci est d'ailleurs fort compréhensible car les realia que savait nommer le maître (realia de l'Ouest français) ne lui permettaient pas aisément de donner un nom à des réalités botaniques par exemple tout à fait nouvelles : c'est pourquoi, dans un certain nombre de cas, on a certainement adopté l'usage des esclaves qui, pour leur part, venant de pays tropicaux comportant une végatation et des animaux comparables, ont pu faire profiter le maître d'un vocabulaire déjà adapté. On citera ainsi "calalou" (préparation culinaire à base de plantes et d'herbes) - ce mot serait d'origine tupi (?), "kyòlòlò" (qui désigne un mauvais café, un café dans lequel on a passé de l'eau plusieurs fois), "tèbè" (imbécile, demeuré)…

    Pour conclure, on évoquera la question qui tracasse souvent les locuteurs de créole : peut-on et doit-on, et par quels procédés étendre le lexique du créole et développer la langue qui apparaît souvent très pauvre à des gens qui sont par ailleurs locuteurs de français et en possession de dictionnaires français réalisés depuis des siècles et complétés chaque année ? Effectivement le développement d'une langue et son extension peuvent être le fait de linguistes, spécialistes divers qui, en tenant compte des tendances de la langue(10) proposent, quand c'est nécessaire, des mots nouveaux ou la systématisation de structures sous-jacentes. Il convient cependant, en cas d'aménagement volontaire, d'être extrêmement prudent car souvent les locuteurs d'une langue sont heurtés et donc rejettent les propositions qui peuvent être faites, parfois simplement parce qu'ils n'y sont pas habitués. Une langue vivante qui n'est pas trop "écrasée" par une autre langue, peut spontanément développer des structures et des mots nécessaires à sa vie, par l'usage créatif de ses locuteurs : c'est ce que l'on appelle la "néologie" (qui est à la fois néologie formelle et néologie sémantique) ; quand, comme c'est le cas du créole, une langue fonctionne en alternance dans l'usage avec une autre langue, on peut redouter que le pouvoir créateur des locuteurs s'exerce davantage à propos de la langue déjà la mieux aménagée (qui est leur moyen d'accès par exemple aux techniques modernes, aux cultures écrites, etc.) et néglige la langue plus familiale, qui risque alors, cantonnée dans des domaines affectifs, quotidiens, voire folkloriques, de disparaître progressivement, en se fondant dans la langue prestigieuse qui la phagocyte littéralement.

    Il convient donc de trouver un équilibre difficile pour le créole, entre une débauche de néologismes proposés par des linguistes, mais qui risquent de laisser bien indifférents les locuteurs, voire même d'entraîner leur réaction de rejet face à des formes qui leur sont étrangères (ils ne veulent pas accueillir ces mots qu'ils n'ont pas eux-mêmes créés), et un appauvrissement redoutable qui amènerait à recourir au français pour tous les domaines de la vie quotidienne : c'est ainsi que meurent progressivement les langues (on sait que de nombreuses langues disparaissent ainsi à toutes les époques de l'histoire). Il convient donc, si l'on souhaite que le créole des Petites Antilles ne meurt pas en quelques générations (comme sont déjà morts le créole louisianais, le créole trinidadien et quelques autres) du fait de l'usage devenu généralisé de l'anglais et/ou du français, que le créole, considéré comme une véritable langue - qu'il est - non seulement soit utilisé couramment par les locuteurs, mais qu'également un apprentissage formel (dans la cadre de l'école notamment) permettent aux locuteurs plus jeunes, ou nouveaux (les étrangers) de l'apprendre - comme on apprend toutes les langues - pour dire de plus en plus de choses dans tous les domaines de l'énonciation. Cet apprentissage du créole, indispensable à sa survie et donc à son développement (car une langue qui ne se développe pas finit par mourir), n'est bien entendu pas exclusif de l'apprentissage du français, qui reste essentiel dans le contexte actuel de la mondialisation (on a besoin de disposer parfaitement de langues internationales). Il existe des pays dans lesquels les locuteurs, parfaitement bilingues, disposent de deux langues et sont ainsi plus "riches" au plan de la communication que ceux des pays unilingues. C'est ce que nous souhaitons largement aux locuteurs des pays où sont en usage un créole et le français : que chacune des langues puisse être utilisée par tous les locuteurs, aussi bien et aussi complètement à l'oral qu'à l'écrit, en permettant ainsi à chacun de maîtriser plus librement et plus totalement son expression et sa culture.


    (1) Il existe également des créoles anglais, des créoles portugais, etc. Mais nous ne parlerons ici que des créoles français, d'où cette référence à la seule colonisation française.
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    (2) C'est-à-dire entre personnes qui ne parlent qu'un créole et qui n'ont pas la possibilité de recourir pour se comprendre à des mots ou des structures grammaticales, plus ou moins marquées par le français qui leur est commun.
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    (3) Varient ainsi largement d'un créole à l'autre les particules préverbales marquant temps et aspects du verbe, qui sont à la fois différentes formellement mais ont aussi des sens et une organisation différents ; c'est encore le cas des pronoms qui varient de façon importante, de l'organisation du groupe nominal elle aussi différente, sans compter bien sûr un vocabulaire assez différent d'un créole à l'autre, même si pour une part issu de français populaires du XVIIe siècle, mais qui ont diversement évolué. Pour plus de détail on pourra se référer à M.C. Hazaël-Massieux "Les créoles à base française : une introduction", in TIPA, 2002.
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    (4) Cf. pour la zone caraïbe le recueil de textes à paraître Textes créoles anciens de la Caraïbe par M.C. Hazaël-Massieux ; mais sans attendre cette publication de nombreux textes ont été déjà publiés dans des revues scientifiques diverses ; pour certains, ils sont même accessibles sur Internet. Cf. le cours de M.C. Hazaël-Massieux.
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    (5) Très souvent le locuteur croit savoir d'où vient un mot qu'il utilise, mais se trompe souvent lourdement : c'est ce que l'on appelle les fausses étymologies ou les étymologies populaires.
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    (6) Dans ces conditions, il ne faut pas s'étonner que le créole emprunte actuellement au français, langue avec laquelle il entretient des contacts quotidiens aux Antilles, la plupart des locuteurs parlant créole et français. Il faut cependant être "vigilant" car le créole, qui ne jouit pas pour l'instant d'un prestige équivalent au français (qui est la langue principale de l'écrit et de l'école, mais qui est également langue internationale, et à l'évidence langue beaucoup plus ancienne que le créole, qui demeure une langue "jeune" méritant encore d'être "aménagée" pour permettre une communication plus étendue), risque de perdre ses traits les plus caractéristiques s'il emprunte quotidiennement au français, vocabulaire et structures grammaticales, comme on le voit trop souvent dans les productions en créole improvisées (telles celles qui sont produites à la radio ou à la télévision quand on interroge des personnes à propos de domaines dont elles traitent généralement en français : domaine professionnel, par exemple). Si de tels processus d'emprunts devaient se multiplier, on peut douter de la survie du créole en tant que tel : il risquerait de devenir une espèce de "français bâtard", bien éloigné du créole de référence que nous décrivons brièvement ici.
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    (7) Ainsi par exemple le français contemporain actuel, fille comme le créole de Guadeloupe mais avec une histoire différente et des contacts très différents, de parlers français du XVIIe siècle (qui ont évolué et se sont progressivement normalisés et étendus dans l'hexagone au cours de l'histoire - en raison de tendances très centralisatrices dans la France des XIXe et XXe siècles), est largement différent de ce créole de Guadeloupe, lui même issu pour une bonne part de français populaires de l'Ouest qui ont suivi leur évolution et leurs restructurations propres, dans le cadre de communication essentiellement orales et dans le contact permanent avec de nombreuses langues africaines (les langues des esclaves).
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    (8) C'est le cas bien sûr des langues romanes, toutes issues d'une façon ou d'une autre du latin, et qui ont largement divergé depuis le temps de leur séparation : cf. le français, l'espagnol, l'italien, le portugais, le roumain… mais il faudrait aussi citer le provençal, le catalan, etc.
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    (9) Il n'existe pas encore une véritable "orthographe" du créole, mais des propositions faites par divers groupes. L'établissement d'une orthographe, fixée définitivement et officialisée, implique toujours un certain consensus avant la fixation du choix, mais aussi une étude complète pour évaluer les avantages et inconvénients d'un système graphique, parmi lesquels il convient de ne pas oublier la lisibilité. On pourra se reporter à l'ouvrage de M.C. Hazaël-Massieux, 1993 : Ecrire en créole, L'Harmattan, 310 p.
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    (10) Ce point est très important : lorsque l'on veut développer une langue, l' "aménager" comme on dit de façon technique, il convient de le faire dans le sens de ses tendances les plus naturelles ; bien des aménagements linguistiques ont pu échouer au cours de l'histoire des langues parce que précisément ceux qui se sentaient une vocation à l'aménagement ont proposé des évolutions qui étaient trop largement contraires aux évolutions prévisibles pour la langue. Il n'en demeure pas moins que tout aménagement est complexe, souvent indispensable, mais ne peut aboutir vraiment qu'avec la volonté des locuteurs eux-mêmes.
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