Zanba, Lapin, Tigre et le Roi


Le Roi avait un troupeaux de boeufs, rien que de beaux boeufs ; Lapin et Zamba étaient amis et c'étaient des gens qui aimaient toujours bien manger. Alors un jour, Lapin dit :
- Compère Zamba, j'ai vu que le Roi avait deux beaux boeufs ; il faut que nous allions prendre de la viande pour manger.
- Comment allons-nous faire cela ?
- Allons-y, je suis intelligent, allons-y, et je te dirai ce qu'il te faudra faire.

Alors, ils allèrent chercher leur rasoir, un sac à dos et ils partirent. Lorsqu'ils arrivèrent, Lapin dit :
- Compère, voilà ce qu'il te faut faire. Ouvre les fesses du boeuf et entre dedans.
Zamba entra. Lapin fit la même chose. Ils se mirent à découper la viande à l'intérieur du boeuf. Quand leur sac fut plein, ils partirent, ils rentrèrent. Le lendemain, ils firent la même chose, trois jours après, encore la même chose. Le quatrième jour, le domestique du Roi vit que le le taureau allait mourir ; il ne comprenait pas, il se demandait ce que la bête pouvait avoir. Il alla dire au Roi que son boeuf était en train de mourir. Le roi lui dit qu'il ne comprenait pas ce qu'il pouvait avoir.

Un jour où ils retournaient, ils trouvèrent le boeuf couché, le boeuf était mort. Ils allèrent le dire au Roi. Celui-ci fit appeler un vétérinaire pour l'ouvrir et voir ce qu'il pouvait avoir eu.

Lorsque Lapin vit que le boeuf allait se coucher pour mourir, il dit à Zamba :
- Compère, les fesses du boeuf vont se fermer, aujourd'hui nous serons pris. Tu sais ce que nous allons faire : entre dans le rectum, je rentrerai dans la vessie.
Sitôt dit, sitôt fait.

Lorsqu'ils vinrent découper le boeuf, ils le fendirent, ils prirent la vessie, et la lançèrent, il n'y avait rien dedans. Au moment-même où ils l'envoyaient, Lapin dit :
- Aïe, vous avez sali mon complet blanc avec la vessie de votre boeuf.
Mais Zanba à l'intérieur était coincé dans le rectum. Lapin s'approcha et dit :
- Qu'est-ce qui vous est arrivé ?
- Mon cher, le boeuf du Roi était là, il était tellement beau, je l'ai trouvé en train de mourir, nous le découpons pour voir ce qu'il y a dedans.
- Vous êtes trop bêtes : ouvrez le rectum, vous verrez s'il n'était pas constipé, ou s'il n'y avait pas quelque chose là-dedans.

Ils écoutèrent Lapin, ils ouvrirent, ils regardèrent et ils virent Compère Zamba bien couché dans le rectum. Lapin sauta en l'air :
- Je vous avais bien dit cela : voilà mon Compère, attrapez-le pour le mettre en prison !
Ils prirent Zamba, ils l'emmenèrent au Roi. Mais il criait :
- Il était là aussi, il était là aussi, il était là aussi...
Lapin répondit :
- Ne le laissez pas parler, ne le laissez pas parler, faites-le taire.
Le Roi dit : " Il n'y a rien d'autre à lui faire que de lui fourrer un fer chaud aux fesses ". Il fit appeler son forgeron, on alluma le feu et on chauffa le fer très fort. Le Roi dit de préparer le fer et qu'il reviendrait à trois heures.

A trois heures, le Roi arriva. Il prit le fer et il le colla sur les fesses de Zanba. Lorsque Zanba sentit la chaleur, il dit :
- Pardon, Monsieur le Roi, ce n'est pas moi, c'est Compère Lapin.
- Ce n'est pas mon affaire : celui que je tiens, c'est ce lui qui est paye.

Lapin était alors monté sur le mombin auquel était attaché Zanba. Chaque mombin qu'il mangeait, il flanquait le noyau sur les fesses de Zamba. Il criait :
- Mouche, ne touche pas mes blessures.
Une idée lui fit lever la tête et regarder, il vit que c'était Lapin qui faisait cela :
- Compère, c'est ça que tu me fais !

Quand l'heure de Zamba fut venue, ils le lachèrent ; il alla chez lui et se fit porter malade.
Un jour que Compère Lapin passait pour savoir comment était Zamba, il vit sa femme :
- Bonjour, ma commère : et mon compère ?
- Il est malade.
- Qu'est-ce qui lui est arrivé ?
- Il est malade.
- Son Compère est pressé, demain matin il viendra le voir.

On en resta là, le lendemain il passa, et ce fut la même chose :
- Et mon compère ?
- Cela ne va pas du tout.
- Dites-lui que je suis pressé, demain matin je viendrai le voir.
Le troisième jour arriva, il fit la même chose. Alors Zamba se demandait comment il ferait pour attraper Lapin, et le Roi avait dit que s'il y parvenait, qu'il le lui amène.

Zamba avait une fille qui se mariait. Il invita tous ses amis et il invita Lapin. Lapin dit que si la fille de son compère se mariait, il fallait qu'il soit là.

Un samedi, ce fut les noces. Tout le monde à table mangeait. Pendant qu'on mangeait, Lapin avait mis sa chaise à l'écart pour pouvoir s'échapper plus vite. Lapin mangeait plus vite que tout le monde. Quelqu'un dit :
- Compère Zamba, ton repas était bon : j'en reprendrais bien un peu encore.
- Je vais t'en donner.
- Et toi, Compère Lapin ?
- Donne-m'en encore un peu.

Si vous voyiez manger Lapin ! Mais il leur fallait attraper Lapin, il n'y avait pas moyen de le prendre. Alors, ils restaient à bavarder, ils prirent un "sec". Pendant que Lapin avalait d'un coup son sec, Zanba se contenta de passer derrière son dos, ils l'attrapèrent et le jetèrent dans un sac, ils le portèrent au Roi. Il était tellement content, alors il dit :
- Voilà ! c'est l'homme qu'il me fallait.
Alors il fit chauffer un fer, comme pour Zamba. On emmena Lapin au monbin, on l'attacha. Ils prirent une corde et ils l'attachèrent le plus serré qu'ils purent. Lapin demeura là. Il faisait travailler son esprit, se demandant ce qu'il pouvait bien faire. Il vit Compère Tigre qui passait. Il lui demanda :
- Compère, comment ça va ?
- Et toi Compère Lapin, qu'est-ce que tu fais là ?
- Mon cher Compère, viens que je te raconte cela.
- Qu'est-ce que qui t'est arrivé Compère Lapin ?
- Mon cher Compère, tu sais bien que je n'ai pas une grande famille, que mes dents sont petites, tu as de plus grandes dents que moi, tu as une grande famille ; le Roi m'a dit qu'il me mettait là et que si je trouvais un moyen de me détacher, il me donnerait le plus beau boeuf de son troupeau.
- Compère Lapin, je prendrai le boeuf : j'ai une famille.
- Compère, détaches-moi et je t'attacherai.

Tigre est un grand imbécile : il détacha Lapin qui prit la corde pour attacher Tigre, encore plus serré qu'on ne l'avait attaché. Ce fut alors trois heures, l'heure prévue pour donner à Lapin son fer chaud. Au lieu de Lapin, c'était Tigre qui était là. Lorsque Tigre vit le fer chaud, il cria :
- Pardon, Monsieur le Roi, c'est Lapin qui m'a attaché là.
- Je ne veux pas le savoir : celui que je tiens, c'est celui que je brûle.
On mit le fer aux fesses de Tigre. Il était dans tous ses états, les fesses ainsi brûlées. Tigre se porta malade et on annonça à Lapin que Tigre était malade. Lapin répondit qu'il n'avait pas le temps mais qu'il viendrait voir son compère.

Alors, une nouvelle fois le temps passa, Lapin ne venait toujours pas. Un jour, Tigre fit dire à tous ses amis qu'il était très malade. Il dit à sa femme de dire à tous ses amis : - Savez-vous ce qui est arrivé : j'ai perdu mon mari.
Quand elle arriva chez Lapin, c'est ce qu'elle dit. Lapin dit :
- Commère, Compère Tigre est mort ? est-ce vrai ?
- Oui, c'est vrai.
- Il faut que je vienne voir mon Compère pour aller à l'enterrement.

Lapin vint chez Tigre, il rouva là tous ses amis. Il resta debout dehors avec son parapluie. Une petite pluie tombait, il ouvrit son parapluie. On lui dit d'entrer. Il dit qu'il n'entrait pas, qu'il avait son parapluie. Il dit :
- Etes-vous sûrs que Compère est mort, vraiment mort ?
- Mais oui, Compère. Il est aussi mort qu'on peut l'être.
- Remuez-le pour que je voie.
- On remua Tigre, rien ne se passa. Lapin reprit :
- Vous êtes sûrs que mon Compère est mort, vraiment mort ?
- Oui, il est vraiment mort, viens le toucher si tu veux.

Mais Tigre avait pris une hache près de lui pour tuer Lapin. Lapin dit :
- Remuez-le encore pour que je voie.
On le remua. Tigre était mort. Lapin dit :
- Vous êtes sûrs qu'il est mort ? A-t-il déjà pété ?
Tigre, ce grand imbécile, se mit à péter " boum ". Lapin dit :
- Aïe, où avez-vous déjà vu un mort péter ?
Lapin fila au galop. Alors qu'il passait, Tigre lui flanqua un coup de hache par derrière : c'est depuis ce temps là que Lapin n'a plus qu'un bout de queue.

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