La variation

La variation, c'est-à-dire le fait qu'une même unité apparaisse selon des formes différentes, est un phénomène qui existe dans toutes les langues. Mais ce phénomène est peut-être encore plus net dans le domaine des créoles, langues orales, qui en outre ne sont encore que très peu instrumentalisées, standardisées, dotées de manuels d'enseignement, qui, nécessairement, finissent par engendrer une certaine "unité" linguistique, en constituant pour ceux qui s'y réfèrent, une certaine "pression normative".

Aussi, lorsque l'on prend en considération un créole, on peut très vite constater qu'un même "mot" sera prononcé différemment par des locuteurs différents, parfois résidant seulement dans la commune voisine ; qu'une forme grammaticale bien attestée ici, peut apparaître sous la forme d'une variante, là ; qu'un élément de lexique chargé de désigner un objet ou un concept, devra être différent ailleurs pour désigner à peu près le même objet ou le même concet.

On distingue généralement en linguistique :

On ne confondra bien entendu pas cette variation interne à une langue ou à un dialecte (appelée parfois variation intralinguistique) avec la variation interlinguistique, qui existe aussi, bien sûr, dans le domaine des créoles : là où le Martiniquais dira plutôt "ich" (pour "enfant"), le Guadeloupéen, dira plutôt "ti-moun" (mais la variation interlinguistique est très peu représentée entre guadeloupéen et martiniquais qui relèvent clairement du même ensemble linguistique, c'est-à-dire en fait de "la même langue", avec cependant quelques variantes topolectales (ou géographiques). Cette variation, en revanche est importante entre les divers créoles, en particulier créoles de l'Océan Indien et créoles de la Caraïbe : le Mauricien utilisera "bann" pour marquer le pluriel (bann liv-la), tandis que le Guadeloupéen utilisera "sé" ("sé liv-la"), formes toutes deux antéposées ; l'Haïtien, quant à lui, recourra à "-yo", postposé pour marquer le pluriel du nom : "liv-yo" = les livres.

Un tableau présentant la même phrase dite dans divers créoles permettra de comprendre un peu mieux la variation interlinguistique qui sépare les créoles français entre eux.

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