La "lanterne des magies", dont nous ne donnons ici qu'un court extrait, est en fait un "pot-pourri" de formes brèves, petits airs d'origines diverse. On reconnaît parfois des airs du vieux fonds folklorique français ("Au clair de la lune", "J'ai du bon tabac", des etraits de quadrilles commandés, des rythmes traditionnels de la biguine... Cet ensemble d'airs que l'on enchaîne selon un ordre qui peut varier avec les lieux, se chantait (cette pratique a maintenant disparu), dans une circonstance très particulière : devant la "lanterne des magies" à la saison des noix de cajou (au mois de juillet, d'après les divers auteurs), selon un rituel très précis.
En Guadeloupe, la "lanterne des magies" était réalisée le plus souvent dans une boîte à vermicelles ou à savon (en fait, des caisses de bois). On perçait un trou sur le côté pour regarder, un trou en-dessous par lequel on faisait passer le fil d'un pantin que l'on agitait pendant qu'on chantait, un trou au-dessus pour évacuer la fumée des bougies que l'on disposait dans la boîte. L'intérieur de la boîte était décoré de fleurs et plantes diverses. La lanterne était transportée de maison en maison par deux enfants à qui on donnait des "noix de cajou" (ou à défaut quelques piècettes)
On notera que, même sur le court extrait qui est donné ici, les paroles, transmises oralement, ne sont pas toujours interprétables, et que les interprétations qui en sont proposées parfois par les chanteurs eux-mêmes, sont toujours sujettes à caution : s'agit-il de "voir la lanterne des magies pour les noix" [noix de cajou évoquées plus haut] ou "pour les Noirs" ? Diverses versions sont ainsi attestées, entre lesquelles il n'y a d'ailleurs pas lieu de choisir. Nous donnons ailleurs plusieurs versions de l'ensemble.