Auteurs créolophones et francophones
de D à M

N.B. Pour certains auteurs, le renvoi est fait directement soit au site "Ile-en-île", très complet en matière de littérature de la Caraïbe, soit parfois à l'ouvrage de J.L. Joubert sur les Littératures de l'Océan Indien (en ligne également). On explicitera toujours la source. Pour tout ce qui relève du théâtre, on pensera à consulter systématiquement le remarquable répertoire préparé par LAMECA (Bibliothèque Caraïbe Bettino Lara) dans lequel sont disponibles des notices sur les auteurs très bien préparées.

Dambury, Gerty

On se reportera aux notices accessibles sur le site de LAMECA, la concernant, en cliquant sur "C-D".

Favory, Henri

Henri Favory, poète, chansonnier, acteur, dramaturge et auteur engagé est mauricien. Il écrit en créole depuis 1973 environ. Avec sa femme Marie-France et le "Grup I", il a été l’un des pionniers du théâtre en langue créole. Depuis sa première pièce, Tizan é Zolie (représentée en 1974), il a parcouru du chemin, et ses pièces sont au fil des années moins légères. Libera, ainsi en 1980, est une pièce "difficile et cruelle". On citera encore Tras, an pyes teat an set rawn (1983, 175 p.). Il a publié encore des poèmes comme Nou gran soley, Mon rev en rev (1980), Mo mama (1985), Bef, (1987), la plupart ayant été édités ou réédités par Ledikasyon pou Travayer, ainsi que de petits documents à visée pédagogique en créole : Anu plant may : 5 reset, 1982, (25 p.), Fri et 11 reset, 1983, 18 p.

Franketienne

Né en 1936 en Artibonite (Haïti), Frank Etienne, qui a contracté son nom en Frankétienne, puis Franketienne, pour en faire un nom de plume et lui donner les marques d'une haïtianisation symbolique (avec la suppression de l'accent aigu conformément à l'orthographe officielle du créole), est l'un des écrivains créolophones les plus célèbres. Ecrivant d'ailleurs aussi bien en créole qu'en français (son oeuvre majeure Dezafi, 1975, d'abord publiée en créole, sera ensuite réécrite en français et paraîtra sous le nom de Les affres d'un défi, en 1979), Franketienne est à l'origine du mouvement littéraire qu'on appelle "spiralisme" et qui s'efforce d'enraciner l'écriture haïtienne dans une thématique et une esthétique spécifiquement haïtienne.

Dezafi, apparaît ainsi comme une oeuvre très particulière : baptisée roman par l'auteur, elle ne ressemble guère à un roman classique et ne peut même pas être aisément rattachée à un genre littéraire particulier, car elle est constituée par le mouvement et l'entrecroisement de différents styles ou genres : récit, monologue, dialogue, mais aussi vers, prose. On y rencontre proverbes, chansons, jeux de mots, devinettes, etc.

Eléments accessibles sur le web : "Lecture critique comparée de Dézafi et de Les Affres d’un défi de Franketienne : réécriture ou traduction ?" de Mae-Lyna Beaubrun.

Chaque oeuvre de Franketienne, ainsi, et l'ensemble de ses productions, présentent une originalité notable : effectivement l'auteur s'est illustré aussi bien en poésie que dans le roman ou dans le théâtre, et ses romans principaux Ultravocal et Dezafi) ont pu être décrits comme relevant à la fois de la poésie et du roman. Il n'hésite pas, par une recherche typographique très caractéristique, à disposer certains passages comme les vers d'un poème, tandis que d'autres font alterner texte narratif et dialogues marqués par des tirets. On est donc loin, avec Franketienne, d'un récit linéaire, et c'est pourquoi, tout en parlant de "roman" pour se référer à une oeuvre comme Dezafi, on soulignera la difficulté d'une véritable classification.

Franketienne est également auteur de pièces de théâtre en créole : on citera Pèlen-Tèt (1978) et Bobomasouri (1984) qui ont été jouées une quarantaine de fois au théâtre national de Port-au-Prince.

Gamaleya, Boris

Boris Gamaleya est à rattacher au courant de la créolité engagée qu'analyse Jean-Louis Joubert dans son ouvrage Littératures de l'Océan Indien, 1991.

Gauvin, Axel

Né en 1944 au Bois-de-Nèfles, à Saint-Denis (Réunion), Gauvin prend une part active à la défense de la langue et de la culture réunionnaises. Outre un essai intitulé Du créole opprimé au créole libéré (publié chez L'Harmattan), il est connu par Quartier Trois-Lettres, roman publié d'abord en français (en 1980) puis en créole en 1984. L'auteur renouvellera l'expérience de l'écrit créole à plusieurs reprises, notamment avec Bayalina, publié en 1995 aux Editions Grand Océan, qui est la version créole d'un roman publié en français au Seuil en 1979 : Faims d'enfance. De nombreux chercheurs s'intéressent à l'oeuvre d'Axel Gauvin, en particulier J.C. Marimoutou qui traitait de son oeuvre dans Etudes Créoles, vol. XX, n° 1, 1997.

On peut avoir des informations complémentaires sur Gauvin, en consultant le site Ile-en-île, avec au-delà des informations bibliographiques et des notices traditionnelles dans Ile en Ile, un dossier plus complet, avec notamment, la présentation d'un extrait de Train fou.

Glissant, Edouard

Edouard Glissant, né à la Martinique en 1928, ancien élève de Césaire au Lycée Schoelcher de Fort-de-France, est le père du concept d'"antillanité" et parle, selon une acception différente de celle des linguistes du concept de "créolisation". Il et l'auteur de nombreux romans, poèmes, essais, etc.
On trouvera des éléments bibliographiques sur E. Glissant sur le site Ile en Ile.

Gratiant, Gilbert

Né en 1895, à Saint-Pierre, Gilbert Gratiant est, selon ses propos mêmes, issus de "la vieille bourgeoisie de couleur, gardienne d'une certaine manière créole de vivre et de penser." Après des études de khâgne au Lycée Henri IV à Paris, il va être envoyé au front en 1914 car la guerre commence : il restera invalide de guerre à 75 %. Il passe cependant l'agrégation d'anglais en 1923 et regagne la Martinique où il enseigne au Lycée Schoelcher. Fondateur de la revue Lucioles, il écrit des textes de critique littéraire, des textes de circonstances, et alors qu'il est installé à Montpellier où il enseigne, il publie ses premiers poèmes (en français) ; après son installation à Paris en 1933, il continue à écrire des poèmes : le premier poème en créole date, semble-t-il de 1935 : "Joseph lévé !", poème très militant, qui sera suivi d'autres tandis que Gilbert Gratiant adhère au Parti Communiste français. En 1950, il rassemble tous les poèmes créoles déjà publiés dans une première édition de Fab'Compè Zicaque qui sera suivie d'autres - la dernière étant celle qu'ont réalisée, après sa mort, en 1985, Isabelle Gratiant, Renaud Gratiant et Jean-Louis Joubert (Editions Stock, 1996).

Comme le dit J.L. Joubert, on peut effectivement parler de Gilbert Gratiant comme poète créole : "En mettant par écrit des chansons, des comptines, des poèmes qu'il a composés dans la langue maternelle antillaise, jusqu'alors considérée, au mieux, comme un plaisant patois, il fait la preuve par l'écriture de la puissance expressive du créole."

G. Gratiant fait largement figure de précurseur : il faut dire que, depuis ses premiers poèmes en créole, le développement littéraire de cette langue, a été l'une des visées principales de son existence : dans ces poèmes, écrits au gré d'inspirations diverses, se manifeste la verve d'un auteur qui dresse ainsi en quelque sorte une "chronique" de la vie martiniquaise.

Hoarau, Daniel

Daniel Hoarau, né en 1955 au Tampon (Réunion) s’engage très tôt dans l’action militante (dès ses années de lycée). Vers les années 1975, il découvre le maloya et s’y lance en tant que compositeur, parolier, interprète. Il connaît deux ans durant la prison et l’exil, à la suite de son refus de porter l’uniforme militaire. A son retour à la Réunion, il est éducateur puis coupeur de cannes. Il a publié des recueils poétiques comme "Romans ékri dan la zol an Frans" en 1979, et publiant maintenant sous le nom de Danyèl Waro, il a par exemple connu un certain succès pour les poèmes publiés sous le titre de Démavouz la vi (aux Editions Grand Océan, 1996, collection « Farfar liv kréol »).

Léotin, Georges-Henri

Né en 1947 au François (Martinique), Georges-Henri Léotin effectue à Fort-de-France ses études secondaires au Lycée Schoelcher, puis ses études supérieures à Bordeaux : après une Khâgne au Lycée Montaigne il entre à la faculté des Lettres en philosophie. Il fut l'un des membres fondateurs du journal créole Grif an tè, membre de l'association "Bannzil kréyol Matnik", il enseigne au lycée Acajou (Lamentin, Martinique). Il a publié une nouvelle bilingue créole-français Mémwè latè (Ed. Bannzil Kréyol, 1993).

Lung-Fou, Marie-Thérèse

Aussi appelée Marie-Thérèse Julien Lung-Fou, cet auteur martiniquais est connue surtout pour ses recueils de Contes créoles publiés en trois volumes en 1979 chez Désormeaux : "Contes merveilleux, sentimentaux, moraux ou initiatiques", "Contes diaboliques, fabliaux", "Contes animaux, proverbes, titimes ou devinettes", donnés dans une orthographe très francisante et accompagnés souvent de leur traduction française. Mais M.T. Lung-Fou (1909-1980) est aussi l'auteur de poèmes et de théâtre en créole. Ainsi ses Trois bonnes fortunes, courtes pièces dans lesquelles dominent l'humour et la satire sociale, publiées en 1969, seront suivies de Fables créoles transposées et illustrées, en 1973, et de Nouvelles fables créoles en 1974.

Mauvois, Georges

Agénor Cacoul, pièce en trois actes, publiée en 1966, est à l'origine de la réputation de Georges Mauvois. Il s'est écoulé plus de 20 ans d'ailleurs entre la publication de cette oeuvre, préfacée par René Ménil, et la réédition de 1988 qui présente en outre Misyé Molina, une autre pièce de cet auteur martiniquais. Dans la préface à cette édition de 1988, Jean Bernabé note :

"L'originalité de la pièce de Mauvois ressortit [...] au savant réglage qui préside à la distribution des codes qui y opèrent. Cette distribution est le reflet abrupt mais non pas banal, d'une diglossie aux contours nets : la langue prestigieuse, le français, fonctionne comme "langue haute" et est aux mains des couches possédantes de l'argent et/ou du savoir (ce dernier fut-il de pacotille). Le créole, langue minorée, "langue basse" est, quant à lui, le seul recours des exploités mais il constitue aussi, à l'occasion, une arme tactique aux mains des exploiteurs, en mal de démagogie." (p. 6)

Après bien des années de silence apparent d'un auteur qui écrit donc principalement en créole, les Editions Ibis Rouge en Guyane ont donné successivement Don Jan, (une remarquable adaptation-traduction du Don Juan de Molière, 1996), Arivé d'Pari, ainsi qu'une Antigòn (1997), "Traduction d'Antigone de Sophocle".

Maximin, Daniel
(Page du site "Ile-en-île")

Monchoachi

Monchoachi, poète martiniquais né en 1946, de son vrai nom André Pierre-Louis, après avoir milité au sein de l'émigration antillaise à Paris, mène maintenant une vie discrète en Martinique. Il a publié divers textes ou recueils poétiques (signalons Bèl bèl zobèl, mais aussi Disidans ou Nostrom, Ed. Caribéennes 1981). L'inspiration populaire (contes, comptines, formulettes...) est importante dans son oeuvre, et Monchoachi aime jouer des sonorités, des rythmes. Après un silence de quelques années, Monchoachi a publié en 1992 une petit volume de poèmes en français, Nuit gagée.

Moreau de Saint-Méry

D'après le Dictionnaire historique et biographique de la Révolution et de l'Empire, 1789-1815, édité en 1898 par Robinet, Jean-François-Eugène), Robert, Adolphe et Le Chaplain, J.) : "Moreau de Saint-Mery (Medéric Louis-Elie), député de la Martinique à l'Assemblée constituante en 1789 ; né à Fort-Royal (Martinique) le 13 janvier 1750, d'une famille française, mort à Paris le 28 janvier 1819 ; avocat, membre du Conseil supérieur de Saint-Domingue (il découvrit à San-Domingo le tombeau de Christophe Colomb) ; fondateur du Musée de Paris, avec Pilâtre du Rosier ; président des Electeurs de 1789 ; député, la même année, à l'Assemblée constituante. Proscrit sous la Terreur. Rentré en France en 1799, après un séjour de cinq années aux Etats-Unis d'Amérique ; est nommé historiographe de la marine, puis ministre- conseiller d'Etat le 4 nivôse an VIII. Administrateur général ou quasi-président de la République de Parme, Plaisance et Guastalla. Rappelé et entièrement disrâcié en 1806 par Napoléon, qui le réduisit à une véritable pauvreté, que Louis XVIII adoucit, en 1817, par un don généreux. Moreau de Saint-Méry, qui eut un rôle glorieux dans la "révolution du 14 juillet", et une attitude consciencieuse et laborieuse dans l'Assemblée constituante, fut un des caractères les plus nobles , une des figures les plus sympathiques de cette époque." (pp. 582-583). Moreau de Saint-Méry est l'auteur de la célèbre Description de la partie française de Saint-Domingue.

Morisseau-Leroy, Félix

Félix Morisseau-Leroy, l'un des principaux artisans du renouveau de la littérature haïtienne en 1950, est d'abord connu pour son Antigone, pièce qui date de 1953 et qui est la première grande pièce inspirée des auteurs classiques. En 1978, alors qu'il est installé à Dakar, F. Morisseau donne un Roua Kréon qui poursuivra la tradition déjà lancée avec sa pièce de 1953. Outre le théâtre, Félix Morisseau-Leroy est connu pour ses recueils de poésie : Diacoute (Port-au-Prince, 1953), suivi de Diacoute II (Montréal, 1953). Ces oeuvres ont été récemment republiées, d'abord en 1970, chez Kraus Reprint, puis à la Jamaïque, où une édition de Dyakout, 1, 2, 3, 4 est sortie en 1990 (Hatiana Publications Inc., 177 p.).

En 1977, Morisseau-Leroy (moriso-léroua) a publié un curieux ouvrage dit " linguistique" par certains de ses admirateurs, intitulé Jadinkréyol et où est proposé du vocabulaire créole, regroupé selon les sonorités ou la longueur des mots, pour inciter les lecteurs à une réflexion sur la possibilité de créer et développer du lexique en créole.