NB : On trouvera regroupés dans une même rubrique auteurs créolophones et auteurs francophones, car beaucoup d'entre eux se sont illustrés dans une langue et dans l'autre et il aurait été artificiel d'établir des listes séparées qui se seraient partiellement recoupées. En revanche, pour chaque auteur nous préciserons dans quelle(s) langue(s) il a écrit ses oeuvres. Pour certains auteurs, le renvoi est fait directement soit au site "Ile-en-île", très complet en matière de littérature de la Caraïbe, soit parfois à l'ouvrage de J.L. Joubert sur les Littératures de l'Océan Indien (en ligne également). On explicitera toujours la source. Pour tout ce qui relève du théâtre, on pensera à consulter systématiquement le remarquable répertoire préparé par LAMECA (Bibliothèque Caraïbe Bettino Lara) dans lequel sont disponibles des notices sur les auteurs très bien préparées.
Albany, Jean
(Une page complète dans les Littératures de l'Océan Indien de J.L. Joubert.)
Né à Saint-Denis (Réunion) en 1913, issu d'une famille de notables réunionnais, Jean-Henri Azema vient étudier à Paris, où il devient journaliste au quotidien d'extrême-droite, L'Action française et dans d'autres publications : il y exprime son nationalisme militant. Pendant l'occupation allemande, il est un collaborateur actif et doit s'exiler en Argentine au moment de la Libération. Quand à 65 ans il entreprende de revenir par la poésie à son île natale (où il fera plusieurs séjours à partir de 1978), c'est pour rendre compte de sa fidélité à son appartenance créole. Son premier recueil, Olographe (1978) est un "testament" marqué par l'expérience de l'exil. D'azur à perpétuité est une autobiographie poétique d'une jeunesse amoureuse. D'autres recueils paraîtront. Jean-Louis Joubert note toutefois, à propos de ses derniers recueils (Littératures de l'Océan Indien, EDICEF-AUPELF, 1991, p. 247) qu'ils "abandonnent la petite musique qui faisait le charme d'Olographe pour une étrange poétique où se mêlent l'emphase créole (à la Saint-John Perse) et les révoltes mal contenues d'un écorché vif."
C'est l'évêque-poète, Gilbert Aubry qui a véritablement lancé le mot et la notion de "créolie", en présentant lors d'une conférence en novembre 1978 à l'Hôtel-de-Ville de Saint-Denis son Hymne à la Créolie. Pour en savoir plus, on se reportera à l'ouvrage de Jean-Louis Joubert, en ligne.
Ecrivain guadeloupéen qui s'est illustré comme lauréat aux Jeux floraux an II, section créole. Il est aussi l'auteur du Langage créole, Artra, 1969, 687 p. Cet ouvrage en fait n'a été publié qu'en 1971, après la mort de Bazerque et grâce à l'aide de la municipalité de Pointe-à-Pitre. Dans cet ouvrage, Bazerque consacre à peu près le tiers de son travail à décrire le créole, qu'il n'accepte pas de qualifier de " langue " (le titre de l'ouvrage est le "langage" créole, et lorsque Bazerque aborde la question de la graphie, il parle d'"écrire convenablement notre dialecte", p. 29). La démarche de Bazerque n'est pas plus scientifique que celle de lettrés comme Nainsouta qu'il cite souvent, mais dont il s'éloigne aussi parfois. Dans cet ouvrage, 144 pages sont consacrées à un "vocabulaire expliqué", ébauche d'un dictionnaire créole - français. Ce vocabulaire demeure une source précieuse pour connaître l'état de la langue jusqu'au début des années 1970, et restait unique en son genre avant que ne paraisse en 1984 le premier dictionnaire (celui de Poullet, Telchid, Montrand) pour la Guadeloupe. La deuxième partie du Langage créole est constitué par des textes en créole.Journaliste guadeloupéen, Ancelot Bellaire a publié dans des journaux locaux tels que Liberté, Le Dimanche sportif et culturel, La Revue guadeloupéenne, Le Miroir de la Guadeloupéenne. Très jeune, il écrit des poèmes de facture classique appréciés de certains cercles poétiques métropolitains. Il n'hésite pas à écrire en créole, avec facilité et expressivité, mais pour lui la littérature antillaise "teintée de régionalisme serait comme des épices ajoutées aux mets métropolitains...". Il a été lauréat aux Jeux floraux de la Guadeloupe, An III, et le président de ces mêmes Jeux Floraux en 1959, et le rapporteur pour la section créole en 1970 (pour la section française en 1957, 1962, 1964).
Joby Bernabé, en Martinique, mérite de retenir toute l'attention de ceux qui s'intéressent à la poésie. Né à Saint-Pierre en 1945, Joby Bernabé à partir de 1964 poursuit des études de Lettres Modernes et d'espagnol, à Montpellier puis à Nanterre. A Paris, il se découvre une passion pour le théâtre, et avec les troupes d'amateurs et de professionnels, il s'attachera, dans Kimafoutiésa (1973) à évoquer le grave problème de l'émigration et de la déculturation.
A son retour en Martinique en 1975 il poursuivra ses recherches sur l'oralité de la langue créole, se produisant dans divers festivals au cours desquels il mêle poésie et jeu scénique, et où tout texte est geste et rythme. Ses oeuvres sont l'expression des combats qu'il mène et de son amour de l'humanité, mais malheureusement ne sont guère accessibles (ils sont pour la plupart vendus à l'issue des festivals où il se produit, mais ne peuvent être trouvés en librairie). On signalera tout particulièrement le petit recueil Dabô pou yonn..., sans date, dans lequel le poème "Fanm" constitue une des plus belles pièces de la poésie créole naissante.
Georges Castera est un écrivain haïtien. Son recueil Konbélann a pu être considéré comme "l'amorce d'un art poétique créole" (cf. Lettres créoles. Tracées antillaises et continentales de la littérature, 1635-1975 de Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant, Hatier, 1991), bien que les oeuvres de ce poète, d'ailleurs à peu près inaccessibles en France, soient en nombre limité. Le fameux Konbélann est en fait le regroupement d'oeuvres poétiques diverses écrites entre 1958 et 1974, et publiées précédemment à New York ou même en Espagne. Une édition, entièrement écrite en créole (y compris annexes et notes) a été publiée en 1976 au Québec, aux Editions Nouvelle Optique.
Les poèmes présentés dans ce recueil Konbélann sont d'une grande variété et comprennent même des calligrammes pour "Koulé Krazé" ; on y a des dialogues entre un "meneur" et une troupe qui correspondent à des représentations théâtrales, dans "Tanbou Ti Bout-La Bout", avec insertion de chansons (la musique étant retranscrite), la typographie sert souvent à figurer le rythme qui est manifestement une préoccupation majeure de Castera, et il use comme Franketienne dans un autre cadre, de l'italique, du gras, des décrochages de paragraphe, etc. Les poèmes présentés dans Konbélann étant pour l'essentiel antérieurs à 1970, il n'est pas impossible que Castera ait d'ailleurs influencé Franketienne pour les mises en page de Dezafi.
On aimerait donner quelques informations en particulier sur l'"Annexe 1" de Georges Castera qui suit Konbélann et qui est tout à fait intéressante : bien des passages seraient à citer in extenso. L'auteur rappelle avec objectivité l'inégalité qui préside aux rapports entre français et créole et la fragilité du créole par rapport au français qui jouit d'un statut social incontesté, alors que le créole, souvent déconstruit par les emprunts inconsidérés faits au français, ne peut s'affirmer pour ce qu'il est, c'est-à-dire pour une vraie langue. Toutefois, en reconnaissant ce fait fondamental, G. Castera ne veut pas considérer comme toujours négative l'influence du français ; distinguant ce qu'il appelle "Infliyans négatif" et "Infliyans pozitif" dans les rapports entre les deux langues en contact dans la situation haïtienne, il souligne avec beaucoup de finesse parmi les traits "négatifs" :
Mais G. Castera n'oublie pas les influences positives, utiles au créole et à la société haïtienne ; il énumère :
Nous présentons ici quelques influences relevées par Castera : il ne s'agit pas d'une traduction littérale des traits qu'il évoque, que nous ne reprenons d'ailleurs pas tous : il convenait ici surtout de donner une idée de ce qu'il envisage et qui est d'autant plus significatif que Castera est indéniablement très attaché à l'écrit créole, tout en se montrant étonnamment " raisonnable ", quand on sait qu'à peu près à la même époque (à peine quelques années plus tard), le GEREC en Martinique prône l'éloignement maximal du créole et du français et propose de cultiver le créole basilectal, ne voulant en principe - car on est souvent loin du principe à la réalité - caractériser comme "vrai" créole que ce qui est le plus éloigné du français.
Castera conclut en redisant que "la question de la langue n'est pas une question qui peut être abordée par n'importe qui" (!), et il met en garde les auteurs potentiels qui désirent écrire en créole : il s'agit de rendre service au peuple tout entier, mais en écrivant des textes qui permettent de débattre de toutes les questions, et notamment des plus sérieuses ; il ne s'agit surtout pas de produire une langue "pour les enfants" ou faite pour abêtir.
Né à Marigot, en Haïti, en 1922, Emile Célestin-Mégie a d'abord été greffier au Tribunal de Paix à Marigot, avant de remplir de nombreuses fonctions publiques et d'assurer des tâches d'enseignement. Très tôt préoccupé du créole, de son statut, de son usage dans la littérature, il a non seulement publié de nombreuses oeuvres en créole, mais s'est fait le défenseur de cette langue au cours de toute sa vie : c'est ainsi qu'il fut l'un des membres fondateurs de la "Sosyete Koukouy" en 1968, Secrétaire général de "Zetwal" (Sosyete Koperativ Pou Edisyon Liv Kreyòl) en 1974, membre de l'équipe "Créole et pédagogie" de l'Institut Pédagogique National et a ainsi pris part au Projet d'Education proposé par la Banque Mondiale et le Gouvernement haïtien entre 1982 et 1987. Il a également été président de l'Askonna (Asosyasyon Konbit Natif-Natal) de Port-au-Prince entre 1982 et 1987 et traducteur officiel (à la Constituante, au Ministère de l'Information et de la Coordination, etc.).
Il convient d'insister la fois sur les travaux éditoriaux de E. Célestin-Mégie, et ses contributions directes à la littérature haïtienne : oeuvres poétiques, pièces de théâtre, nouvelles, paroles de chansons, biographies, essais, etc. sans oublier les travaux plus didactiques, généralement publiés par morceaux : ainsi en est-il de sa Gramè Ayisyen publiée dans Le Petit samedi soir, de la rubrique "Défense et illustration du créole haïtien" dans ce même Petit samedi soir et dans Gindòl, et d'un article, résultat en fait d'une communication faite au Symposium de l'IPN en 1979, "Richès ak Bèlte Lâng Ayisyen-an", publié dans A. Valdman, éd., 1979, Créole et enseignement primaire en Haïti (Creole Institute, Bloomington, IN, 1979). Son oeuvre la plus importante, toutefois, est un roman créole en trois parties, Lanmou pa gin baryè, qui mérite de retenir l'attention car c'est un des rares romans écrits entièrement en créole qui suit chronologiquement de peu le Dezafi de Franketienne. Il faut souligner que ce roman, écrit dans une langue simple, est accessible à un public vaste, en raison des choix orthographiques qui ne marquent pas une rupture trop importante avec les habitudes des lecteurs haïtiens, qui ont appris à lire en français.
Ecrivain guadeloupéen, né à Pointe-à-Pitre en 1890, et mort en 1984, dans une vieille famille de souche vendéenne installée dès 1782 en Guadeloupe, Gilbert de Chambertrand, après de bons débuts scolaires, se révélera d'une curiosité trop éclectique pour envisager des études universitaires. Il abandonna le lycée pour les promenades et la lecture. Dès 1905 (il a donc 15 ans), Le Libéral publie son premier poème, qui sera suivi de beaucoup d'autres dans la presse locale. A 19 ans, il va quitter la Guadeloupe et gagner Toulon où il trouve un emploi de photographe. Il va ainsi s'initier à cet art et c'est en cette qualité qu'il se réinstallera en 1912 à Pointe-à-Pitre où il se mariera.
Chambertrand continue à écrire. Encouragé par le succès de sa comédie, L'Honneur des Monvoisin, en 1917, il écrit deux autres omédies, qui mêlent encore français et créole. Chambertrand devient bibliothécaire à Pointe-à-Pitre puis professeur de dessin au Lycée Carnot. Après le cyclone de 1928 qui détruit sa maison ainsi que la bibliothèque de la ville, Chambertrand repart pour la France où il reprend son métier de photographe puis entre au Musée de la France d'Outre-mer. Il fait de nombreuses conférences, écrit dans les journaux des articles de critique littéraire, d'histoire, etc.
Dans Titine Grosbonda, recueil de nouvelles publié en 1947, écrites en français où Chambertrand donne libre cours à son humour caustique, ou dans Coeurs créoles, roman sentimental plus sérieux, qui date de 1958, on voit différentes facettes d'un talent dans lequel la Guadeloupe tient une grande part. Si une grande partie de son oeuvre est écrite en français, on soulignera malgré tout qu'outre les pièces de théâtre déjà signalées dans lesquelles alternent créole et français, Choses et gens de mon patelin ou Mi io... sont des albums humoristiques où le créole tient une place essentielle. Dans la réédition de Mi io... ("enrichie de traductions en trois langues européennes et six parlers créoles") de 1963, figurent, outre des textes sur les créoles de Douglas Taylor (sur le créole de la Dominique), d'Auguste Horth (sur le guyanais) et de quelques autres auteurs, un texte de Gilbert de Chambertrand lui-même sur le guadeloupéen qui commence par : "Deux motifs, qui vaudraient sans doute pour tous les langages créoles, me font chérir le parler guadeloupéen". Quant aux Dix bel conte avant cyclone, il s'agit d'un recueil de onze courts récits ou nouvelles entièrement écrits en créole.
Certaines des oeuvres de Chambertrand ont été classées par le Consistoire des Jeux Floraux des Antilles, et ont participé à sa renommée des gens comme Rémy Nainsouta, Secrétaire perpétuel de l'Académie Créole Antillaise - ACRA, ou Bettino Lara et Roger Fortuné, membres également de l'ACRA.
Patrick Chamoiseau, est indéniablement l'un des écrivains martiniquais les plus connus et ses écrits ont déjà fait l'objet de nombreux travaux universitaires. Un auteur et critique comme Kundera ont, à maintes reprises, souligné son grand talent. Chamoiseau s'est fait remarquer dès la parution de son premier roman, Chronique des sept misères, Paris, Gallimard, 1986, et son succès s'est confirmé avec Solibo Magnifique, paru en 1988. Son troisième roman, Texaco a obtenu le Goncourt en 1992. Il ne s'est pas arrêté là : on mentionnera encore Antan d'enfance et Chemin d'école, mais également L'esclave vieil homme et le molosse et son essai paru en 1997, Ecrire en pays dominé.
Dans le recueil Ecrire la parole de nuit (R. Ludwig, éd.), Chamoiseau résume son projet littéraire :
"[...] Il ne s'agit pas, en fait, de passer de l'oral à l'écrit, comme on passe d'un pays à l'autre ; il ne s'agit pas non plus d'écrire la parole, ou écrire sur un mode parlé, ce qui serait sans intérêt majeur ; il s'agit d'envisager une création artistique capable de mobiliser la totalité qui nous est offerte, tant du point de vue de l'oralité que de celui de l'écriture. Il s'agit de mobiliser à tout moment le génie de la parole, le génie de l'écriture, mobiliser leurs lieux de convergence, mais aussi leurs lieux de divergence, leurs oppositions et leurs paradoxes, conserver à tout moment cette amplitude totale qui traverse toutes les formes de la parole, mais qui traverse aussi tous les genres de l'écriture, du roman à la poésie, de l'essai au théâtre." (1994, pp. 156-157).
Il est bien entendu difficile de prétendre résumer la richesse d'une langue comme celle de Chamoiseau à travers une seule citation alors même que Kundera le situe dans la grande tradition des romanciers : "Sterne, Diderot, Balzac, Flaubert, Vancura, Gombrowicz, Rushdie, Kis, Chamoiseau" dans Les testaments trahis, 1993, p. 29.
Quelques articles ou ouvrages pourront aider dans cette recherche sur Chamoiseau, et l'on trouvera dans ce site même, des extraits commentés et analysés.
Condé, Maryse
(Nous nous contentons ici de renvoyer à la page complète sur cet auteur dans "Ile-en-Ile).
Raphaël Confiant est né au Lorrain, en Martinique en 1951. Il a effectué ses études supérieures à l'Université de Provence, études principalement de sciences politiques et d'anglais. Militant de la cause créole dès les années 1970, à son retour en Martinique, il oeuvre dans le domaine de l'écrit créole, notamment avec sa participation très active au premier journal entièrement en créole, Grif an tè. Cette expérience durera plus de quatre ans, entre 1977 et 1981. Dès cette date sont publiés des "Suppléments à Grif an tè" auxquels R. Confiant prend une part active. C'est ainsi qu'il livre comme supplément au n° 33 Jik dèyè do bondyé (un recueil comportant quatre nouvelles), et au n° 58, Jo baré (un recueil de poèmes daté de Saint-Joseph, février 1979). Avant d'être l'auteur francophone que l'on connaît, R. Confiant a publié trois romans en créole (et beaucoup de petites pièces plus courtes) : le premier roman, Bitako-a, paraît en 1985 (Editions du GEREC), suivi par Kòd yanm en 1986 (Editions K.D.P., c'est-à-dire "Kréyol pou divini péyi-a" = le créole pour l'avenir du pays), et enfin Marisosé en 1987 (aux Presses Universitaires créoles). Dans les années 1990, ces romans seront traduits en français.
Sur le plan théorique, Confiant est l'un des membres du GEREC (Groupe d'Etudes et de Recherches en espace créolophone), et dans ce cadre il participe à la fois à la promotion du système graphique proposé par J. Bernabé dès 1978, mais aussi à travers divers journaux (Antilla, Karibèl...) à des propositions en matière de lexique, pour développer notamment du vocabulaire technique en créole. Ses deux derniers romans en créole sont suivis d'un court glossaire, Pawôlnèf (Néologismes), dans lequel ses créations propres sont classées par ordre alphabétique et traduites en créole "usuel". On citera par exemple :
Avec Jean Bernabé et Patrick Chamoiseau, il a publié en 1989 Eloge de la créolité, et par la suite quelques autres écrits théoriques (par exemple, Les Lettres créoles avec P. Chamoiseau, un essai sur la littérature antillaise de 1635 à 1975, ainsi qu'une étude polémique et très contestée d'ailleurs, sur Aimé Césaire).
R. Confiant est l'auteur de plusieurs romans en français : après Le nègre et l'amiral et Eau de café, il faut signaler Ravines du devant jour, en 1993 (récit plus ou moins autobiographique), Commandeur du sucre, Bassin des ouragans, L'allée des soupirs, en 1994, La Vierge du Grand Retour et d'autres encore qui sont publiés à un rythme de deux ou trois par an, tandis que R. Confiant travaille aussi à la traduction de ses romans créoles : sous le titre Mamzelle Libellule, est paru Marisosé (début 1995), bientôt suivi par Le gouverneur des dés (Kòd Yanm) dans une traduction de Gerry L'Etang.
Il convient malgré tout de souligner les particularités du français de R. Confiant : à la suite de P. Chamoiseau mais moins systématiquement toutefois que son prédécesseur, Confiant élève le créolisme au rang de procédé littéraire : emprunts, calques sont volontairement intégrés, donnant à la langue de l'auteur martiniquais, une couleur tout à fait particulière, sans doute pas toujours aisée à comprendre pour le lecteur qui ignore tout du créole et du monde martiniquais.
Note à propos de Grif an tè : Ce journal, rédigé entièrement en créole, publia 52 numéros entre 1979 et 1982.